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Que cache la fumée des bombes israéliennes ?


Israël fait planer le flou sur ses intentions en laissant entrevoir la fin de son offensive à Gaza, tout en déployant des renforts de réservistes en vue de son extension. Ce flou ou ces contradictions relèveraient-ils de la stratégie de guerre faite de secret ou d’un manque de succès dans la réalisation des objectifs réels ? Le gouvernement israélien a reconnu de toute façon qu’il n’a pas eu le succès escompté. « Les objectifs impartis à l’opération, garantir la sécurité pour les habitants du sud d’Israël, n’ont toujours pas été atteints », a déclaré Obad Yehezkel, secrétaire général du gouvernement israélien. Un aveu que renforcent des appréciations d’analystes israéliens aussi et témoignant donc de difficultés. « Ce sont avant tout des civils qui ont fait les frais de l’offensive israélienne qui relève plus d’une opération de représailles à une échelle inégalée que d’une guerre », souligne l’analyste militaire Ran Edelist. « Militairement, la force du Hamas n’a pas été sérieusement entamée, ni encore moins sa détermination à se battre », ajoute-t-il. D’après les correspondants des télés sur place, de violents combats opposent les soldats israéliens à des militants palestiniens dans plusieurs quartiers périphériques de Gaza-ville. Des blindés ont avancé de plusieurs centaines de mètres dans deux quartiers de la périphérie sud de la ville, Tal Al-Hawa et Cheikh Ajline.

Ce serait ladite troisième phase des opérations israéliennes. La première phase a été un assaut répété de l’aviation ; la deuxième a été un bombardement intensif à l’artillerie et la troisième c’est l’offensive terrestre en cours mais qui est en phase d’évolution. Est-ce pour rattraper un échec ? Le recours à des réservistes souligne bien que l’opération n’atteint pas ses objectifs.

Erreurs israéliennes

Selon l’expert militaire égyptien Safouat Al-Zayate : « Israël a commis les mêmes erreurs qu’il avait commises au Liban ». Pour lui, le plan de l’opération a été conçu il y a six mois. « Un plan qui était supposé être bien élaboré qui se basait sur des raids intenses, dont le résultat serait que le Hamas lève le drapeau blanc. Mais cela n’a pas eu le résultat escompté. Ce qui a été aggravé, pour Israël, par une autre erreur stratégique, celle d’avoir retardé la campagne terrestre ».

Quelle est la prochaine étape donc ? Rien n’est pour autant précis. Les experts militaires estiment que Tel-Aviv ne pourra certes pas réoccuper intégralement la bande de Gaza. Le coût moral et militaire serait insupportable. Il faudrait savoir que la guerre actuelle coûte à Israël 100 millions de shekels par jour, soit 257 000 dollars. A ce jour, seul le coût direct des opérations a atteint environ 9 millions de dollars. Cette somme qui devrait augmenter avec le rappel d’environ 7 000 réservistes. Le scénario probable est que les troupes israéliennes diviseront le territoire de Gaza en 3 ou 4 parties en occupant des axes perpendiculaires à la mer et qui vont jusqu’à la terre. Une mesure qui serait renforcée par la création de zones tampons dans le nord, le sud et l’ouest de Gaza. Pierre Razoux, historien français, est l’auteur de « Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne », affirme que l’armée israélienne « revient aux fondamentaux de la guerre aéroterrestre, telle qu’elle les pratiquait jusqu’en 1982, lors de la première guerre du Liban. C’est la coordination traditionnelle du choc, du feu et de la manœuvre ».

Pour l’instant, il semble, pourtant, que Tel-Aviv a réalisé certains objectifs, d’après Hossam Soweilam, expert militaire. « Les Israéliens auraient détruit 30 % de l’infrastructure militaire du Hamas et 50 % de sa force avec 75 bases de lancement des roquettes ». Il parle d’un déséquilibre de force : une armée disposant d’un arsenal militaire des plus importants et une résistance qui combat avec des armes primitives. Debka files, site proche des renseignements israéliens, affirme pourtant que l’opération terrestre israélienne « ne sera pas facile, même pour des soldats aguerris. Gaza-ville, si l’on suit les services de renseignements, a été transformée en camp retranché : maisons piégées à l’explosif, rues minées, bunkers, galeries souterraines minées pour une part, permettant l’acheminement d’hommes et de munitions d’un point à un autre, d’autre part, tireurs d’élite embusqués aux étages d’immeubles, sur les toits ».

Les Palestiniens résistent

« Jusqu’à preuve du contraire, dit Soweilam, la résistance a fait preuve d’une performance militaire assez bonne avec des tactiques équilibrées pour s’opposer à la machine de guerre israélienne ». Son armement n’est pourtant pas assez connu. Environ 2 000 roquettes Qassam, 1 000 Katiouchas et 200 Grad, mais surtout quelque 35 000 combattants sans compter ceux du Djihad, du Fatah (environ 5 000) et du FDLP.

Cette guerre ressemble pourtant à une guerre non de munitions ou d’armes, mais de longue haleine.

Israël dit qu’il peut supporter jusqu’à la mort de 1 000 soldats et les militants palestiniens, eux, semblent tenir bon en dépit des morts palestiniens qui s’approchent du seuil symbolique de 1 000. Il est certain que cette agression israélienne entre dans une vraie impasse, avec comme seul résultat le massacre de civils. Les témoignages à cet égard sont horribles. Les familles tentent de fuir la ville. Pressés par l’armée israélienne de quitter leurs maisons, les Palestiniens tournent en rond. Vers où ? Nul ne le sait. Aucun journaliste n’a un accès direct aux combats, pas d’images non plus. L’armée israélienne a même confisqué les portables de ses soldats avant l’opération.

Des armes prohibées

L’armée israélienne a déclaré qu’elle ne communiquerait aucune information sur les armes qu’elle utilise. Certains observateurs affirment encore qu’Israël utilise la bande de Gaza comme laboratoire pour une expérimentation de nouvelles armes chimiques allant du phosphore blanc en passant aux armes à énergie directe. La presse israélienne s’est vantée des exploits technologiques de son armée de l’air qui utilise des Smart Bombs GBU 39 à l’uranium appauvri pour bombarder ses cibles dans la bande de Gaza. Ces Smart Bombs (bombes intelligentes) sont de petites bombes, bon marché, développées par l’industrie militaire américaine pour frapper des cibles en profondeur du type bunkers.

Autres armes prohibées : les bombes au phosphore blanc. Selon les médecins sur place, les brûlures sur les corps des Palestiniens morts ou blessés ne pouvaient avoir être causées que par cette arme chimique. Et le résultat de cette arme : des corps dont les tissus sont nécrosés sans blessures apparentes, des corps comme « momifiés », des blessés dont les jambes à moitié emportées continuent à se nécroser malgré l’amputation, et qui meurent ; des cas ont été décrits de blessures internes comme celles provoquées par une explosion, mais sans traces d’éclats ; ou bien de cadavres noircis alors qu’ils ne sont pas brûlés, ou d’autres qui avaient été apparemment blessés mais ne semblent pas avoir saigné ...

Selon un rapport d’experts militaires et médicaux cité par la télévision italienne Rai, les constatations cliniques effectuées par des médecins de Gaza indiquent clairement l’existence, parmi les blessés, de brûlures dues au phosphore. Le quotidien britannique Times dit avoir identifié de tels obus sur des photos de presse montrant des stocks de munitions de l’armée israélienne, sur lesquels apparaît la mention M825A1, chiffres qui désignent des bombes au phosphore blanc de fabrication américaine. Saddam Hussein a bien été pendu pour la même chose ... l’usage des armes chimiques contre les Kurdes.

Samar Al-Gamal
Ahmed Loutfi

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