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« Nous acceptons notre destin de mourir si c’est le prix de l’indépendance »

Gaza. Un nombre limité de blessés Palestiniens sont parvenus à passer en Egypte lors de l’ouverture du terminal de Rafah. Quelques-uns d’entre eux ont été transférés au Caire, à l’hôpital de l’Institut Nasser. En dépit de tout, ils croient encore à la résistance. Témoignages.

« Nous acceptons notre destin de mourir
si c’est le prix de l’indépendance »

Khaled Mohamad, 40 ans.
Gaza est la plus grande prison au monde. J’ai 3 garçons et 3 filles. Nous les Palestiniens, nous avons des enfants assez particuliers. Mon fils, qui n’a que 5 ans, quand il entendait les bombardements assourdissants menés par les Israéliens, ouvrait la porte de la maison et me demandait s’il pouvait sortir voir ce qui se passe. La peur ne connaît pas le chemin vers les cœurs de nos petits.
On est devenus plus forts.
Lors de la première Intifada en 1987, on n’avait que des pierres pour les lancer contre Israël, mais nous étions plus unis. Les Palestiniens ne souffraient pas de cette division. Les attaques israéliennes sont plus supportables que cette situation. La maison palestinienne est divisée, la loyauté à un mouvement est devenue plus forte que celle envers notre pays ou notre peuple. Ceci va détruire notre cause. Ces responsables ne méritent pas de conduire ce peuple fier qui défend l’honneur de la nation arabe. Notre slogan est « La fête n’est pas pour celui qui porte de nouveaux vêtements, mais pour celui qui meurt pour son pays ».

Ahmad Hussein, 25 ans.
Dès mon jeune âge, j’avais cette habitude de lancer des pierres contre les Israéliens, je me sentais très fort. Maintenant, je suis un officier à la police. J’étais au travail lorsque les F16 ont bombardé notre siège. Résultat : 60 martyrs et 20 blessés. On m’a conduit à l’hôpital Al-Chifa à Gaza, puis vers celui d’Al-Arich, en Egypte, et enfin ici à l’Institut médical Nasser. J’ai des fractures des cuisses et du bras droit, mais dès que je pourrai, je retournerai à Gaza. Je pense à mes confrères résistants.

Mohamad Abdallah, 28 ans.
Huit mois de souffrances, des douleurs aux reins. Sous l’embargo, je n’avais pas le droit d’aller me faire opérer. A Gaza, pas de moyens, on trouve à peine de quoi manger. Manque d’eau, coupures consécutives d’électricité. Cependant, je suis fier des résistants et satisfait de leur performance. Autrefois, les Israéliens pouvaient tout faire sans être dissuadés. Aujourd’hui, la résistance est forte. A la suite de l’agression et l‘ouverture du terminal de Rafah, je suis venu au Caire. J’aime l’Egypte, mais je suis impatient de rentrer à gaza. Si tout le monde a reconnu Israël, nous Palestiniens, nous ne devrons pas le faire pour protéger notre cause. Nous sommes prêts à résister jusqu’au dernier souffle.

Alaa Moustapha, 13 ans.
Le dimanche 28 décembre, j’étais en route vers l’école, les Israéliens ont lancé un missile sur un bâtiment devant lequel je passais. J’ai perdu conscience et je me suis retrouvé à l’hôpital Al-Chifa avant de venir ici à l’Institut Nasser. Ce n’est pas la première fois que je vois des attaques pareilles, des scènes d’agression, de morts, de destructions. Cela fait désormais partie de notre quotidien. On ne risque plus rien. J’ai toujours choisi de rester en Palestine pour la défendre. Chaque fois que j’apprends qu’une roquette palestinienne est lancée vers Israël, je me sens libéré. La victoire est la nôtre in chaa Allah.

Mohamad Hussein, 21 ans.
J’ai toujours vécu à Gaza, j’étais obligé de venir au Caire pour accompagner mon frère, gravement blessé dans les raids. J’aurais aimé rester dans mon quartier à Gaza, là où j’ai vécu, là où mes amis ont été tués par les Israéliens. Une fois, je suis allé rendre visite à ma tante à Beir Sabea, ça m’a brisé le cœur de voir les occupants partout sur nos terres. Et depuis, j’ai décidé de me consacrer à mon peuple et à la cause palestinienne. Je mourrai en martyr, je le sais.

Magued Khaled, 27 ans.
J’ai entendu le bruit des bombardements, je ne croyais pas que c’était la guerre. J’ai appris que mon frère est mort à l’hôpital, je le cherchais parmi les cadavres qui mangeaient la terre. Je pleurais et un sentiment terrifiant m’envahit, je ne l’ai jamais connu auparavant. Et à ma grande stupeur, j’ai trouvé mon frère vivant entre les morts. On nous a dit qu’il serait soigné en Egypte, mais le terminal de Rafah était fermé. Notre seul espoir s’est évaporé, puis il a été ouvert et nous voilà en Egypte. J’ai quitté ma famille là-bas. J’ai deux fils et deux filles toujours à Gaza. Bientôt, je vais les retrouver.
Je pourrais accepter l’idée de vivre en paix avec les Israéliens, mais après ce qu’ils ont fait, c’est impossible. Le sang de mes amis qui a coulé est cher. Je vais continuer à raconter à mes enfants cette haine qui nourrit les esprits israéliens pour qu’ils continuent à lutter contre leurs crimes. Un jour, ils parviendront à faire ce qu’on a échoué à réaliser : la fin de l’occupation.

Mohamad Gebril Bashir, 38 ans.
Nous sommes un peuple persécuté, notre terre est occupée, notre dignité et honneur sont bafoués. C’est pourquoi on doit encore résister. J’ai travaillé dans les territoires d’Israéliens pendant 2 ans. C’était vraiment très amer de voir les Israéliens violer notre terre. J’ai vécu avec mes huit enfants à Gaza. La mer est leur seul refuge, mais même la plage n’est pas hors de portée des attaques israéliennes. Oui, je soutiens le Hamas, la résistance. Nous acceptons notre destin de mourir si c’est le prix de l’indépendance.

Propos recueillis par Mavie Maher

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